Lundi 14 décembre – L’Etna
Alors, oui bien sûr nous avons l’intention de vous faire un retour sur notre périple sicilien mais avant cela, nous nous devions de partager avec vous une journée magique que nous avons vécu en famille lundi et qui restera, sans aucun doute, gravée dans nos mémoires pour longtemps : l’ascension de l’Etna …
Caroline a toujours été intéressée par les volcans. Plus jeune, elle se délectait des récits de Monsieur Haroun Tazieff. Quant à Jules, les volcans sont au programme du CM1. Donc autant vous dire que l’Etna faisait partie de notre « To do list » sicilienne voire de notre Top 5 des choses à faire/à voir.
Il s’est dévoilé à nous en premier lieu au réveil de notre premier bivouac sicilien : déjà majestueux, au début enveloppé de nuages puis, petit à petit laissant découvrir un sommet immaculé. Nos yeux en scintillaient …
Petit coup d’œil à la météo : lundi semble être une journée idéale pour aller le voir de (beaucoup) plus près.
On voila donc partis lundi jusqu’au refuge de Sapienza à 1950 m d’altitude. Le funiculaire ne fonctionne pas : qu’à cela ne tienne nous monterons à pied. Cela nous permettra d’emmener Fauve avec nous. La journée est magnifique, le ciel est limpide, les températures un peu fraîches mais nous sommes équipés. Et nous avons appris le matin même que la veille au soir l’Etna était entré en éruption ! Effectivement, on voit bien qu’une partie du sommet n’est plus blanche mais bien noire : trace de la coulée de lave de la veille au soir.
Nous démarrons la montée, tombons nez à nez avec une équipe de tournage en costume d’époque, et commençons à marcher dans la neige. A chaque pas, le spectacle est de plus en plus magique, exceptionnel, impressionnant … La neige est parsemée de poussière noire, nous entendons le volcan gronder régulièrement, le paysage est grandiose… Nous dépassons progressivement les premiers cratères inactifs. Vu d’en haut, c’est tellement grandiose … surtout quand se superposent la vue sur les baies de Taormine et Catane, la mer qui scintille sous un soleil quasi printanier et toujours un ciel sans nuage …
Après 1h30 de grimpe, nous arrivons à 2500m, point d’arrivée du funiculaire. Il est environ 13h. On se fixe un démarrage de descente au plus tard pour 15h même si on a prévu les frontales, au cas où … Le volcan nous appelle : Caroline a déjà du mal mais tout le monde est d’accord pour continuer. Nous verrons bien jusqu’où nous pouvons aller…
Donc nous enchainons, pas après pas, Fauve, Michel et Jules en 1ers de cordée et Caroline à la traîne mais tellement motivée … Le paysage devient de plus en plus lunaire, les nuages de fumée en provenance des cratères sommitaux s’intensifient. Le vent est glacial et bien sûr de face ce qui rend l’ascension encore plus complexe. Nous passons un cimetière, moment fort en émotion qui rappelle que la montagne, encore plus lorsqu’elle est encore si intensément vivante, reste un élément dangereux. Nous dépassons le belvédère à 2750m. La vue est incroyable, nous avons l’impression de toucher le ciel. Et ce bruit qui s’accentue, ces nuages de fumée qui deviennent de plus en plus denses … Nous allons croiser tout au plus 5 personnes pendant ces 3 heures de marche qui nous mènent à 2950m d’altitude, à la Torre del filosofo.
Le spectacle est fantastique. Caroline en a les larmes aux yeux tellement c’est beau, tellement c’est puissant, tellement elle a conscience de la chance que nous avons d’avoir à ce point toutes les étoiles alignées …. L’Etna sous la neige c’est déjà un spectacle en soi, mais totalement découvert par un temps particulièrement ensoleillé c’est encore plus un cadeau … Quand on y ajoute la basse saison qui nous le privatise presque cela devient indécent. Et comme si cela ne suffisait pas, il nous fait une démonstration de puissance et de vibrante énergie en « direct live » … Il y a des jours comme cela où rien n’existe d’autre que le moment magique et indélébile que nous partageons tous les 3. Et bien nous y sommes.
Nous ne pouvons pas aller plus loin : à partir de ce point il est obligatoire d’être accompagné par un guide et il n’y en a pas en ce moment.
Nous entamons notre descente. Cette fois-ci, le vent dans le dos, ce sera plus simple. Michel et Jules s’éclateront à courir et s’enfoncer dans la neige, retrouvant les sensations de nos Bauges hivernales. La lumière a changé, le paysage en descente est encore différent de celui qui nous a déjà fait rêver en montant. Jules doit avoir faim : il voit des capuccinos et des omelettes norvégiennes partout … 😉
Nous rejoindrons le refuge vers 16h30, rincés par cette ascension mais des étoiles plein les yeux, le cœur débordant de gratitude pour cette journée magique et si parfaite. Et avec l’impression d’être les parents les plus fiers du monde d’avoir un petit bonhomme qui nous a suivi dans cette aventure sans se plaindre, qui a grimpé main dans la main avec son papa à un rythme qui ferait pâlir grand nombre d’adultes et qui, arrivé là-haut, nous a remercié de lui avoir permis de vivre cette expérience incroyable avec nous …
Nous reprenons la route et là … au bout de quelques minutes à peine, le volcan se met à cracher des paillettes (enfin vu d’en bas, cela ressemble à des paillettes parce que plus haut, cela ne doit pas être la même chose …) rouges par centaines …. Le spectacle est grandiose, majestueux. Il fait 0° dehors mais on ne s’en lasse pas, on s’extasie devant chaque jet, comme des enfants devant un feu d’artifice. Encore un ! Là encore ! Là encore plus haut ! Et celui-là regarde ! Mais quelle chance … Quelle indécente chance nous avons là …
Nous ne sommes pas une famille parfaite, mais cette journée l’a été et nous a permis de vivre un moment personnel et familial qui nous aura marqué à jamais ….
Voilà, notre périple en Sicile ne fait que commencer mais cette île nous a déjà offert une parenthèse enchantée que nous voulions partager avec vous … en espérant que nous pourrons vous transmettre quelques étoiles que nous avons collectées pendant cette journée.
Buona giornata