Nicaragua 1ère partie
13 novembre 2021 – 24 novembre 2021
Alors, comment aborder le passage de frontières avec le Nicaragua … Nous étions un peu tendus : nous pensions bien avoir tous les documents requis mais les retours des voyageurs sur l’administration nicaraguayenne n’étaient pas très encourageants. Arrivés à El Espino, nous accomplissons assez facilement les formalités de sortie du Honduras : vérification des tests PCR pour le Nicaragua, sorties du territoire actées pour nous 3 et pour Maya. Arrivés de l’autre côté, nous montrons le mail reçu des autorités confirmant leur accord pour notre entrée sur le territoire (mail que l’on ne reçoit qu’après en avoir fait la demande sur internet et après avoir envoyé nos résultats de tests PCR) : 1er checkpoint, impeccable. Nous payons la fumigation de Maya : 2ème checkpoint, OK. Arrivés à la guitoune où nous devons montrer nos résultats de test, nous tombons sur 2 jeunes dames, particulièrement malaimables qui regardent nos résultats, se concertent en messes basses et nous lâchent un « Les résultats sont OK mais le laboratoire n’est pas sur la liste autorisée » avant de se replonger sur leur téléphone respectif. « Comment cela quelle liste » ? On nous montre alors du bout du menton une liste manuscrite affichée sur la porte. « Mais ce n’est pas une liste officielle, ça ! » « Si. » Bon d’accord on se détend …. « Personne ne connait cette liste, ni vos collègues du côté Honduras, ni les gens qui cherchent à rentrer au Nicaragua. Elle n’est pas diffusée sur le site du gouvernement. Nous avons même reçu l’accord des autorités de votre pays ! » Silence … La discussion (enfin le monologue de Caroline pour une bonne partie) va durer presque 1 heure. Nous demanderons même l’aide des services d’immigration nicaraguayenne qui tenteront aussi de les faire infléchir. Sans résultat. Pendant ce temps, Maya est au milieu de la route et bloque tous les camionneurs derrière qui attendent patiemment que nous bougions la voiture …Nous n’aurons donc pas d’autre choix que de faire demi-tour, entrer à nouveau au Honduras (heureusement la douane se montrera très compréhensive et nous « rendra » le certificat d’importation de Maya sans autre formalité contrairement à l’immigration qui nous fera payer les frais d’entrée et entrera à nouveau toutes les informations dans leur système). Il est presque 17h, la nuit va tomber. On décide de tenter l’autre poste de frontière, à près de 2 heures de route, qui, d’après nos renseignements, est nettement plus conciliant. Nous arrivons au poste de Guasaule à 19h, doublons une file de camions interminable : c’est fou, il y en a pour des dizaines de kilomètres ! Et nous allons avoir droit à notre passage de frontières le plus rapide ! 2 heures montre en main dont un peu moins de 1 heure rien que pour sortir du Honduras, juste à faire la file avec tous les chauffeurs routiers pour l’immigration. Côté Nicaragua les tests passent impeccables, pas de rayons X pour Maya et l’inspection est plus que sommaire : on nous demande d’ouvrir 2 tiroirs, 1 placard et c’est tout bon ! Nous voici donc au Nicaragua, épuisés par cette journée interminable et la tension qu’elle a généré. Après coup, on se dit que nos 2 malaimables attendaient peut-être tout simplement un petit dessous de table … Nous n’y avons même pas pensé et de toute façon, cela aurait été très mal nous connaître …
Après une nuit sur un spot à 10 minutes de la frontière, nous faisons les démarches administratives habituelles (retrait de monnaie locale, achat de carte Sim) et prenons une charmante route de campagne pour rejoindre le canyon de Somoto, situé à quelques kilomètres seulement de El Espino. La boucle est bouclée !
Nous nous posons chez Michel, qui tient un charmant petit hôtel et accueille aussi dans son beau jardin des voyageurs comme nous.
Le lendemain Ariel, notre guide, nous amène découvrir ce magnifique canyon.
Nous allons adorer l’endroit, la lumière, le calme, marcher sur les sentiers, grimper sur les cailloux, nager dans ses eaux fraîches, sauter du haut de ses cascades puis se laisser guider dans une barque hors d’âge. L’endroit est paisible, nous sommes très bien reçus. Nous y resterons tout le week-end !
Nous reprenons ensuite la route vers notre premier volcan nicaraguayen, le volcan Telica. Sur le chemin, nous nous arrêterons une nuit chez Julio, un cubain installé ici depuis plus de 20 ans. C’est un personnage, qui adore accueillir sur le parking de son magasin de cigares des voyageurs du monde entier. Il ne demande rien, que partager nos expériences et nos histoires. Après avoir expliqué tout le process de fabrication de cigares (apparemment les cigares nicaraguayens seraient même meilleurs que les cubains, c’est Julio qui le dit), il fera même la leçon à Jules pour qu’il ne se mette jamais à fumer !
Nous voici donc sur le chemin tortueux qui doit nous amener à quelques kilomètres du cratère du volcan Telica, l’un des 7 volcans actifs du Nicaragua. Le chemin est vraiment mauvais, très cabossé, étroit, pentu et souvent en dévers. Nous préfèrerions garer Maya et terminer à pieds mais nous ne trouvons aucun endroit où s’arrêter … Jusqu’à ce qu’une grosse branche trop basse ne nous oblige à stopper. 2 jeunes en mobylette vont s’arrêter et nous aider à dégager Maya à la machette. Ensuite, nous serons hébergés pour la nuit par Francisco qui nous ouvre son enclos à vaches …
Francisco vit dans une baraque des plus rudimentaires : il n’y a même pas de mur à sa maison, à peine quelques tôles et bâches à certains endroits. Il n’a pas l’eau courante, pas l’électricité et vit là avec son cheval, ses 2 vaches, ses cochons et quelques poules. Mais il est solaire, souriant et tellement fier de nous ouvrir son « chez-lui ».
Il est conseillé de découvrir le cratère de nuit pour y voir la lave incandescente. A peine Maya mise à l’abri, nous nous équipons et partons à sa rencontre. Malheureusement, 10 minutes après, un orage particulièrement fort va nous tomber dessus. Nous persévérons un bon quart d’heures sous des trombes d’eau, dans la nuit noire, avant de se décider à rebrousser chemin. Nous rentrons absolument trempés, un peu déçus mais soulagés d’avoir trouver un abri pour la nuit. Nous ferons finalement l’ascension le lendemain matin et le spectacle va se révéler magique. La vue est spectaculaire, on distingue 2 autres volcans actifs : San Cristobal, et Momotombo. Et surtout, on peut s’approcher du cratère fumant comme jamais : c’est extraordinaire de sentir la force, l’énergie qui sortent de cette montagne et d’en être si proches … Et comme souvent, nous sommes tous seuls …
Le retour vers Maya se fera sans souci. Par contre, le retour de Maya à la route « principale » sera très long. Caroline fera une bonne partie du chemin à pieds, devant Maya, pour essayer de guider Michel entre les branches trop basses, les trous trop profonds et les pierres trop hautes et éviter que Maya ne se retrouve face à face avec un autre véhicule sur un tronçon compliqué.
Nous passerons ensuite 2 nuits sur Leon qui va, contre toute attente, vraiment nous plaire. Leon et Granada se sont livrées très longtemps une compétition parfois sanglante pour obtenir le statut de capitale. Finalement, pour ne pas faire de jaloux, c’est Managua qui a gagné le titre ! C’est une ville coloniale chargée d’histoire et c’est ce qui la rend très attachante aujourd’hui. Capitale de la révolution Sandiniste, elle voue à ce leader de la guérilla nicaraguayenne un culte omniprésent. C’est une ville animée, populaire et on s’y est vraiment bien senti.
Après 2 jours en ville, nous apprécions de retrouver tout de même la quiétude et la liberté de nos bivouac sauvages. Nous nous posons donc sur les rives du Lac de Managua qui nous offrent une vue sublime sur les volcans Momotombo et Momotombito. Encore une fois, c’est l’occasion de rencontres et d’échanges, tant pour Jules que pour nous et c’est un vrai bonheur …
En reprenant la route, nous nous arrêterons admirer le volcan Apoyeque et sa belle lagune. Encore une fois, cette découverte sera associée à une belle rencontre : un garde-forestier qui, nous voyant perdus avec Maya, va nous guider en mobylette jusqu’à son « bureau », garder Fauve et Maya pendant notre randonnée et nous indiquer le sentier à suivre pour accéder au volcan.
Nous décidons de ne pas faire l’impasse sur Managua, malgré les retours pas toujours très enthousiastes des quelques voyageurs qui y passent. Nous ne le regretterons absolument pas ! Certes la ville en elle-même est un peu déboussolante avec son absence de centre ville et ses quartiers qui se suivent sans forcément se ressembler. Mais déjà nous allons la découvrir avec les lumières de Noël ce qui lui donne tout de suite un air festif et très vivant. Stationnés sur une place en face d’une petite fête foraire et du malecon, nous allons être au cœur de l’animation, sous la bienveillante surveillance de 2 gardiens privés. L’aménagement récent du malecon en a fait un lieu paisible où il fait bon se promener et le petit musée dédié à Sandino et au poète Ruben Dario est très bien fait. Jules pourra même profiter d’un parc aquatique bien ludique en fin de journée pour contrer les fortes chaleurs !
L’étape d’après est un moment attendu par tous les 3 : le volcan Masaya ou la bouche de l’enfer. Depuis que Jules a vu Jamy y descendre dans une de ses émissions il ne parle que de lui ! Alors, le spectacle de la lave incandescente, qu’il est très difficile de rendre en photo, est absolument superbe : très émouvant, on se sent au cœur de la Terre. Arrivés parmi les premiers, nous serons les derniers à partir. Le côté « drive-in » de l’excursion nous aura un peu moins plu. Nous retrouvons les cars de touristes en mode « arrêt 5 minutes pour la photo » et cela ne nous avait pas franchement manqué ! 😉 Nous serons aussi apparemment les seuls à s’arrêter au musée du parc qui se révèlera passionnant entre les explications sur l’activité volcanique et celles sur la faune et la flore locale. Rien que pour ça, la visite s’impose !
Avant de découvrir « LA » ville à voir du Nicaragua, à savoir Granada, nous nous posons en bivouac sauvage sur les rives de la lagune Apoyo. Un peu plus loin sur les berges, on trouve toutes les infrastructures touritiques qui vont bien mais nous avons la chance de nous trouver un coin « rien qu’à nous », au calme en dehors de quelques locaux venus profiter de leur fin de journée et de quelques vaches le lendemain matin. C’est un moment paisible hors du temps qui va nous enchanter. Et Caroline apprécie de pouvoir se baigner à nouveau dans une eau douce donc non salée mais qui rappelle parfois la mer avec une houle bien marquée.
La suite pour très vite …