La traversée de l’Honduras ðŸ‡ðŸ‡³
27 octobre 2021 – 12 novembre 2021
Après un passage de frontières sans difficulté mais long (pas loin de 4 heures) avec des allers-retours récurrents vers une petite « tienda » pour imprimer le pré-enregistrement, faire des photocopies pour les uns ou les autres, payer le permis d’importation de Maya … Que de démarches ! C’est la première fois que nous tombons à l’immigration du Guatemala sur une personne particulièrement mal-aimable et irrespectueuse. L’ensemble des personnes à qui nous avons à faire sont souriantes et aidantes mais il faut sans cesse montrer les mêmes documents à des gens différents, remplir des fiches, répondre aux mêmes questions … C’est toujours un moment stressant car nous avons toujours peur d’être passé à côté DU document qui compromet tout … Et bien sûr, la patience n’étant pas la qualité première de Jules, il trépigne, s’agite, touche à tout … Bref, nous sommes contents de rentrer au Honduras et de nous poser à Copan Ruinas, dans le parc d’un hôtel adorable qui nous permettra , non seulement de dormir dans Maya entourés d’arbres majestueux mais aussi d’utiliser les douches d’une cabana. Et ce pour un prix dérisoire. Le personnel est souriant, accueillant : le premier contact avec le Honduras est très positif !
Copan ruinas est un village qui comprend un site archéologique maya très important. Les monuments ne sont pas forcément aussi impresssionnants qu’à Tikal par exemple mais les matériaux utilisés pour les contruire étant plus meubles, les sculptures y sont plus fines et travaillées. Cependant, nous craignons de ne pas l’apprécier à sa juste mesure et nous préférons privilégier une pause gustative autout du chocolat que nous allons hautement apprécier !! 😉
Après 2 jours de pause sur Copan ruinas, nous nous dirigeons vers Gracias, petite ville coloniale que nous allons découvrir sous la pluie … Malheureusement, la pluie va nous suivre pendant une grande partie de notre séjour au Honduras ce qui va compromettre certaines découvertes. Mais il faut bien laisser un sentiment de « pas assez » pour avoir l’envie de revenir, non ? Nous sommes un peu surpris de voir les hommes tous porter le chapeau et la chemise à carreaux. Les femmes quant à elles ne portent pas de tenue traditionnelle contrairement à ce que nous avons pu observer au Guatemala ou au Mexique.
Près de Gracias, nous allons profiter de sources chaudes très agréables, avec des bassins à température variable entre 36 et 40°C … le top ! Encore une fois, nous serons touchés par l’accueil, notamment des personnes de l’hôtel juste en face qui nous offriront le café et le plaisir d’une discussion (en plus de l’usage de leurs sanitaires, nous étant posés en bivouac « sauvage » mais si isolé que cela).
La prochaine étape va être une vraie surprise : nous prenons la route (enfin le chemin caillouteux) pour découvrir le village de La Campa situé en hauteur. Ce village, situé sur la Ruta Lenca, fait parti des 5 municipalités classées comme ayant le mieux préservé la culture et l’artisanat Lenca. Les lencas sont les autochtones présents sur l’actuel Honduras au moment de l’arrivée des espagnols. Nous allons « tomber en amour » de ces paysages montagneux superbes, de ce village fleuri, paisible et à nouveau si accueillant … Les gens viennent facilement vers nous pour discuter. Tout le monde nous prend pour des américains ( !!!) : même en leur expliquant que nous venons de France, il faut parfois insister un peu pour qu’ils acceptent que nous ne venions pas des Estados Unidos. Ils sont surpris de savoir que nous venons de si loin, fiers que nous ayons eu envie de venir jusqu’à eux.
Petit retour sur Gracias, sous le soleil cette fois-ci, ce qui nous donne une perspective totalement différente. Visite du fort qui rappelle la position stratégique de la ville et déambulation dans les ruelles pavées typiques avec dégustation d’un bon café, spécialité locale seront le programme avant de reprendre la route vers la côte Caraïbes qui est un des joyaux du Honduras avec ses îles paradisiaques de sable blanc. Sur la route, nous nous arrêtons 2 nuits à San Pedro de Sula. C’est une grande ville qui ne nous a pas vraiment charmés mais qui a le mérite d’abriter un lieu un peu spécial : une pépinière réhabilitée par des américains qui ont eu l’idée d’y accoler un restaurant et … une brasserie ! Jason accueille les voyageurs comme nous avec beaucoup de plaisir sur son domaine et c’est agréable de trouver un tel enthousiasme. Bon, bien sûr, nous nous sentons redevables et nous nous imposons un tour à la brasserie artisanale par pure politesse …. 😮 Et bien les bières testées ont toutes été approuvées !
Malheureusement, c’est à ce moment que la pluie va se faire plus présente et quasiment ne plus nous quitter sur plusieurs jours. Nous avions repéré un spot sauvage directement sur la plage sur la côte Caraïbes mais il est inaccessible tant il a plu ces derniers jours. Nous aurons une petite fenêtre de beau temps le lendemain de notre arrivée mais les prévisions ne sont vraiment pas bonnes et nous devons donc abandonner l’idée d’aller sur les fameuses îles paradisiaques …
Ce que l’on n’a pas pu voir !
Tant pis, nous reprenons la route et nous dirigeons vers un autre joyau du Honduras : le lago d’Yojoa. Nous serons hébergés sur le terrain de Freddy, un homme simplement … incandescent ! Tellement heureux et fier d’accueillir des français… il passera 2 jours à s’occuper de nous, à s’assurer que nous ne manquions de rien (c’est le monde à l’envers). Freddy a de multiples activités dont l’une d’entre elles consiste à louer des kayaks. Nous en prendrons 2 pour découvrir le magnifique lac. Le temps est incertain, tantôt pluvieux, tantôt ensoleillé et ne rend pas, comme il se doit, hommage à cet endroit paradisiaque. Mais la sortie, première pour Fauve, nous enchante. A 10 minutes de notre bivouac se trouve une autre brasserie artisanale que nous nous ferons un devoir d’aller tester aussi.
Le temps n’étant vraiment pas idéal pour les randonnées que nous avions prévues, nous retournons un peu plus dans les terres et décidons de faire cette Ruta Lenca pour découvrir les autres villages classés, à commencer par La Esperanza. C’est l’endroit le plus froid du Honduras et bien sûr nous le découvrons par un temps pluvieux donc … nous geleons, renfilons pulls et ponchos et nous posons dans un hôtel de cabanas très original pour une nuit un peu plus confort.
Le temps ne nous est pas favorable mais on apprécie les paysages vallonnés, voire montagneux. Après La Esperanza et son marché, nous découvrons la ville du café, Marcala où nous testerons bien sûr … le café local !
Nous serons ensuite accueillis 2 jours chez les pompiers à Comayagua, charmante ville coloniale et ancienne capitale du Honduras.
Il est déjà temps de commencer à préparer le prochain passage de frontières avec le Nicaragua qui est réputé être le plus difficile de toute l’Amérique Centrale. Il est officiellement interdit de faire rentrer des drones au Nicaragua. Le passage de frontière comprend une fouille très poussée des véhicules (certains voyageurs se sont vus demander de vider intégralement leur camper) et un passage aux rayons X de la voiture. Il faut trouver dans tout cela comment ne pas se faire confisquer notre drone… De plus, le Nicaragua est le seul pays d’Amérique centrale qui ne reconnait pas la vaccination et demande donc un test PCR pour tous les voyageurs. Les laboratoires facturent ces tests à prix d’or allant jusqu’à demander 250 € par test, la moyenne étant autour des 150 €. A trois, cela représente un budget conséquent et nous passons pas mal de temps à essayer de trouver les laboratoires plus raisonnables. Entre temps, nous apprenons par d’autres voyageurs que, fin octobre, la machine à rayons X de la frontière de El Espina éait en panne. Nous décidons donc de nous diriger par là et de faire nos tests à Choluteca où nous serons à nouveau hébergés par les pompiers.
Après avoir fait les tests et en attendant les résultats, le soleil étant revenu, nous nous posons sur la côte pacifique. Nous allons passer là les 2 soirées les plus mémorables de notre séjour ici …
Première étape au sein d’une communauté du village de Cedeno, située les pieds dans le sable, plein ouest (donc avec un coucher de soleil tout simplement spectaculaire…) : à peine arrivés, nous sommes entourés par une dizaine d’enfants qui ne nous quitteront que pour aller dormir. L’ambiance est festive, curieuse, joueuse. Jules fait tourner les têtes de toutes les filles : elles veulent toutes l’embrasser et « le blanquito » se la joue blasé. Maya est observée, disséquée. Nous discuterons aussi avec José Luis, passionné de royauté avec lequel nous allons parler de Kate & William, Meghan & Harry, Charlène & Albert ou encore Letizia & Felipe. Moment un peu improbable dans un lieu particulièrement …. rustique… où les conditions de vie sont si rudes. Le soir, on nous demandera de déplacer Maya de quelques mètres à peine, officiellement pour des raisons de sécurité. Officieusement, nous comprendrons surtout qu’il s’agit d’avoir la fierté d’accueillir les étrangers sur SON terrain. Ces gens survivent comme ils peuvent mais donnent : leur confiance, leur hospitalité, leurs sourires. C’est une vraie claque pour nous, à la fois charmés par la spontanéité, le naturel, la luminosité de ces enfants et remués par leurs conditions de vie précaires et certaines situations familiales manifestement complexes. Nous aurons l’occasion de rencontrer le lendemain matin un papa quelque peu éméché et cela donne encore plus envie d’entourer ces petites lucioles de tendresse et de force. Sans vouloir entrer dans une quelconque guerre de sexe, il semble évident qu’ici, ce sont les femmes qui mènent la danse et se chargent de la survie de leur tribu.
Le moment des adieux venus, nous filons le cœur encore remué vers une plage un peu plus au nord, Playa del Raton. A priori déserte, nous sommes regulièrement salués par des personnes qui passent à moto à côté de nous.
Arrive en 125 cc un petit gars de 14 ans, Emerson qui s’arrête à notre niveau et scrute sans un mot Jules : il est comme hypnotisé et ne le quitte pas des yeux. Nous engageons la discussion, apprenons qu’il ne sait pas lire, qu’il est pêcheur et possède déjà son propre bateau qu’il partage avec ses frères. Il nous dit que lui, ce qu’il aime, c’est la pêche mais le regard qu’il pose sur Jules en dit long sur sa curiosité et son envie … Il ne va pas à l’école, ne sait pas où est la France, ne parle pas un mot d’anglais. Il va passer l’après-midi avec nous , à nous observer. Rejoint par son ami Kevin, ils vont nous amener voir une nursery de tortues marines. Les tortues nées dans la journée seront mises à l’eau dans la nuit pour augmenter leurs chances de survie. Kevin nous conduit ensuite à notre lieu de bivouac, qui sera un terrain de football au milieu de son village. A nouveau notre arrivée va provoquer la curiosité générale. Adultes et enfants se pressent autour de Maya pour voir les américains. Et bien non, toujours pas : nous sommes français ! Jules échangera quelques passes avec les adolescents locaux et jouera avec les enfants jusqu’à la tombée de la nuit. La soirée se fera sous le signe du partage avec les gens qui s’arrêtent quelques minutes ou quelques heures : nous vidons le réfrigérateur en prévision du passage de frontière donc l’apéritif et ensuite le barbecue est mis en commun. Encore une fois, on viendra nous demander de déplacer Maya de quelques mètres, pour les mêmes raisons officielles. Au moment d’aller se coucher, un homme éméché viendra demander quelques lempiras (monnaie locale) pour fumer, sans aucune agressivité. Michel a à peine le temps de lui répondre que 4 villageois se précipitent à notre rescousse : Caroline aura même droit à un « Muchacha, s’il y a le moindre souci, tu frappes à ma porte et j’appelle la police : il n’est pas question que quelqu’un vous embête !». Michel et Caroline ayant une légère expérience en gestion de personnes bourrées (n’est-ce pas Philou ?… ! ), la situation n’était absolument pas source de stress et l’empressement des gens à s’assurer que nous nous sentions bien nous a encore touché au cÅ“ur. Le lendemain, nous aurons le même défilé au petit-déjeuner, Maya sera une nouvelle fois disséquée. Les enfants seront obnubilés par les nombreux livres de Jules. Une dame du village nous invitera chez elle pour une douche à l’eau de puits bienvenue et rafraichissante. Tant de générosité est bouleversant. La plupart des enfants et adolescents rencontrés ne vont pas à l’école, ne savent pas lire, ne sont jamais allés au-delà de quelques kilomètres autour de chez eux. La moindre découverte déclenche des étincelles dans leurs yeux, ils posent des questions sur tout. Bien sûr Michel et Caroline sont heureux d’être nés en France, d’avoir bénéficié d’une éducation qui leur a permis de choisir leur emploi, d’avoir eu la possibilité de mettre en pause leur quotidien pour vivre cette aventure extraordinaire. Nous espérons que cette expérience permettra aussi et surtout à Jules de prendre conscience de l’importance de garder toute sa vie ses yeux et son cÅ“ur ouverts vers les autres, de ne pas s’enfermer dans la frustration de la possession, de profiter de chaque rayon de soleil, de savourer chaque goutte d’eau comme le font ces enfants croisés ces derniers jours qui n’ont rien mais nous ont illuminés de leurs sourires.
Après ces 2 journées fortes en émotion, direction la frontière avec le Nicaragua pour d’autres aventures, d’autres rencontres …
Avant cela petit bilan de notre passage au Honduras : vous l’aurez compris, ce que nous retiendrons surtout de ce pays ce sera les rencontres, l’accueil des gens, leur curiosité et leur fierté. Le Honduras n’est pas un pays très touristique, encore moins en ce moment. Donc les gens sont encore étonnés et contents de voir que des étrangers s’intéressent à leur culture, leur mode de vie, leur pays … Malheureusement la météo ne nous a pas été très favorable mais clairement, ce pays montagneux, verdoyant, nous a beaucoup plu. Et le lac de Yojoa ou la côte Caraïbes sont des lieux exceptionnels qui méritent sans aucun doute toute notre curiosité. Nous espérons vraiment pouvoir davantage en profiter sur le chemin du retour vers le Mexique.