Le Belize
Du 4 septembre 2021 au 24 septembre 2021
Premier passage de frontière terrestre validé ! Il nous aura fallu 3,5h, le temps d’une petite inspection de Maya par la douane mexicaine, de montrer à 5 agents différents les mêmes documents, de compléter des fiches et des fiches, de faire nos tests antigéniques et d’attendre les résultats … Mais nous voila au Belize ! Grand check !! Pour ceux qui ne connaitraient pas ce petit pays (dont nous il n’y a pas si longtemps), il faut savoir que le Belize est une ancienne (pas si ancienne que cela puisque l’indépendance date de tout juste 40 ans) colonie anglaise : donc ici, la langue officielle est l’anglais, nous payons en dollar bélizien, le prix de l’essence est affiché en gallon et on mesure en foot et pound … Toute une gymnastique à reprendre : Jules va pouvoir mettre en pratique la très utile règle de trois !
Notre première étape sera sur la péninsule de Cerros, dans une cabana que nous avons réservée pour 3 jours (pré-requis du Belize, il faut impérativement au moins 3 nuits dans un établissement « Gold standard » pour avoir le droit de rentrer sur le territoire) et c’est déjà un choc … Nous pensions être à quelques kilomètres et donc quelques dizaines de minutes de Corozal … En fait ce sera près de 45 minutes de route non revêtue et particulièrement creusée par la pluie avec une traversée d’un bras d’eau sur un ferry … manuel ! Expérience hors du temps mais tellement magique … On pense à peine à l’assurance de la voiture que nous n’avons pas pu encore souscrire car tout est fermé le week-end …
Cerros Beach Resort
Nous allons donc passer 3 jours sur la péninsule à se poser, profiter d’un endroit et d’hôtes charmants que nous avons pour nous tous seuls (enfin, si nous excluons les moustiques qui sont, eux, particulièrement nombreux) et explorer les environs. Nous sommes en pleine jungle, le moindre déplacement prend du temps du fait de l’état des « routes » mais nous avons le temps. Et nous allons avoir la chance de voir Sarteneja, un petit village de pêcheurs un peu endormi en ce dimanche pluvieux sous une lumière superbe : petit coin paisible et enchanté. Une autre aventure mémorable sera la découverte du site archéologique de Cerros en kayak ! Arriver sur le site par l’eau nous donne l’impression d’être des explorateurs, nouveaux Indiana Jones arrivant sur un site perdu … Bon d’accord pas si perdu que cela mais rien n’interdit de rêver, si ?
Après Cerros, nous allons « rentrer » dans le pays pour explorer un lieu fabuleux : le site archéologique de Lamanai ou crocodile submergé. Il est situé en pleine jungle et nous décidons de nous faire plaisir en y allant avec un guide, en bateau. Cette journée va être magique, entre découverte de la faune locale (nombreuses espèces d’oiseaux notamment, singes hurleurs très intrigués par Fauve, et même un crocodile en toute fin de journée), balade en bateau et explications particulièrement intéressantes sur l’histoire de ce site. Une toute petite partie est excavée mais c’est simplement exceptionnel de voir ces temples et comprendre leur histoire… Sa situation en bord de fleuve (le new river), sa dimension et son occupation particulièrement longue ( plus de 3000 ans) en fait un site unique et véritablement incontournable.
Nous vous parlions de l’indépendance du Belize un peu plus haut. Le 10 septembre est un jour férié au Belize car c’est le jour de la victoire des anglais contre les espagnols lors de la bataille de St George Caye. Malheureusement, le 10 septembre 2021 est encore placé sous le signe des restrictions Covid et sera une journée pluvieuse ce qui va limiter fortement les festivités usuelles lors de cette journée de commémoration. Belize city est une ville réputée dangereuse. Nous allons, pour notre part, aimer nous promener dans ses rues animées et gaies. Ce n’est plus la capitale administrative du Belize depuis que l’ouragan Hattie l’a totalement détruite en 1961 mais beaucoup de monuments clés ont été reconstruits depuis et les bâtiments en bois, sur pilotis donne un très joli charme à cette ville. De là, nous prendrons un ferry pour passer la journée sur une des innombrables petites îles qui longent la côte : Caye Caulker.
Le Belize possède la deuxième plus grand barrière de corail du Monde, ce qui en fait un superbe spot de plongée. Ce n’était pas vraiment prévu au programme, mais arrivés sur Caye Caulker où la recommandation phare est « Go slow », nous nous laissons tenter par une sortie snorkeling (comprendre plongée tuba) et nous n’allons pas le regretter … Malheureusement, nous n’aurons pas de photo sous-marine car nous n’avions pas prévu la go pro ni les pochettes étanches évidemment mais nous allons en prendre plein les yeux. Accueillis par des bébés requins (enfin, il parait que ce sont des bébés mais Caroline n’était pas bien rassurée quand même), nous allons plonger au milieu des raies, observer les dizaines d’espèces de poissons différentes, admirer des coraux multicolores …. Il y a beaucoup de courant, il est assez difficile de nager et Jules va avoir un peu de mal lors de sa première sortie mais à la troisième il va prendre le pli et commencer à véritablement apprécier l’expérience. Nous ne savons plus où donner de la tête tellement ces eaux regorgent de trésors … Encore une journée inoubliable que nous offre le Belize …
Caye Caulker
Nous prenons ensuite la route vers le sud du pays avec une première étape à Dangriga : c’est un village à majorité garifuna. Les garifuna sont une communauté issue du métissage entre africains (descendants des esclaves) et des autochtones originaires des Caraïbes. L’ambiance y est festive, décontractée et simple et nous trouvons un superbe bivouac en bord de mer où nous nous sentons bien.
Nous continuons à descendre vers le sud et arrivons au village d’Hopkins. La basse saison ralentit la vie du village mais nous allons tomber sous le charme de cette petite ville de pêcheurs, qui a su garder son authenticité et sa douceur de vivre malgré l’arrivée des touristes qui viennent profiter du littoral mais aussi de la jungle qui est juste à côté. Nous serons d’ailleurs invité par Lother, un allemand installé dans la région depuis quelques années, à passer une nuit chez lui, dans la jungle, au milieu des orangers et pamplemoussiers: superbe rencontre et endroit magique…
Chez Lother avec le drone 😉
L’étape suivante est attendue avec impatience par Jules … en effet, nous avons « rendez-vous » avec une famille française qui vit à Placencia, une ville située sur une péninsule, réputée pour avoir les plus belles plages du littoral. Effectivement, nous allons découvrir de très belles plages mais nous allons aussi et surtout faire connaissance avec Marie, Pacôme, Lilo et Tiama mais aussi avec Yohann, Séverine et leurs 2 petits bouts ce qui va donner lieu à de très jolis moments d’échanges. Merci encore à tous pour votre accueil et votre partage.
Le Belize est un petit pays, avec peu de grandes routes. Nous nous étions posés la question de descendre encore plus au Sud, du fait de la nécessité de revenir ensuite par la même route pour rejoindre la frontière avec le Guatemala. Suivant les différents avis de nos belles rencontres, nous décidons d’aller vers Punta Gorda, d’autant que les distances ne sont pas bien grandes.
Sur la route, nous allons nous arrêter à la Ferme des épices. Emilie et Charlène, Caroline a pensé à vous durant toute la visite. Vous auriez adoré cet endroit, véritable paradis de la flore locale, dans lequel sont cultivés fruits (Oranges, Corossols, Caramboles, Ananas, …), épices (Poivre, Ail, Curry, Piments, Canelle, Muscade, Allspice …), fleurs et plantes (Lotus, Orchidées, Ylang, Jasmin, Moringa, …) mais aussi arbres pour en extraire le bois (Mohagony, Teck …). Cerise sur le gâteau, nous avons eu le droit de dormir au milieu de ce magnifique jardin, ce qui n’est normalement pas accepté …
En descendant vers Punta Gorda, nous allons profiter de la fraîcheur d’une belle cascade, Rio Blanco mais aussi traverser des villages mayas traditionnels superbes. Enfin, ce sera encore l’occasion d’une belle rencontre avec Thomas & Marisa, un couple d’allemands installés au Belize depuis 8 ans qui tiennent un terrain avec emplacements de camping et cabanas de toute beauté.
Sun Creek Lodge chez Thomas et Marisa
En remontant doucement vers le Cayo District et la frontière avec le Guatemala, nous allons vivre une expérience inoubliable. Il faut traverser une rivière en « tyrolienne » ou les pieds dans l’eau pour accéder au village de Roseville, créé il y a 8 ans par une communauté de Mennonites très traditionnelle originaire de Springfield. Bien sûr, il y a l’anachronisme des tenues vestimentaires mais ce n’est pas le seul contraste saisissant. L’environnement est parfaitement entretenu, pas un papier ne traine, le linge est étendu par couleurs, les maisons sont impeccables, les pelouses tondues, … On sent une rigueur et un sens du travail qui nous avait déjà été vantés par les personnes rencontrées en chemin. Les Mennonites sont arrivés du Mexique il y a une soixantaine d’année, après avoir avoir quitté leurs terres natales en Russie pour le Canada puis le Mexique. Aujourd’hui, ils sont très implantés dans le pays et fournissent une très grande partie de l’agriculture locale. Ce sont aussi de très bons menuisiers, des artisans hors pairs et d’excellents mécaniciens. Diverses communautés se sont installées dans le pays, certaines encore très traditionnelles, d’autres moins fermées à la modernité. A Roseville, pas de voiture, pas d’électricité mais un accueil curieux et souriant : nous allons avoir la chance de rencontrer une institutrice et sa classe durant leur récréation et cela va donner lieu à un échange mémorable même si tous les enfants (y compris Jules) resteront sur la réserve, privilégiant l’observation à la discussion.
Après ce moment suspendu, nous reprenons la route et découvrons le parc St Herman avec sa grotte enfouie dans la jungle et son blue hole, cénote d’un bleu profond, situé lui-aussi dans un environnement magique. Nous sommes le 21 septembre, c’est les 40 ans de l’indépendance du Belize et donc un jour férié : nous serons pourtant tout seuls à profiter de ces merveilles de la nature.
Nous avions l’intention d’explorer une autre grotte très prisée au Belize, l’ATM (Actun Tunichil Muknal). Mais après une bonne heure de route sur un chemin non revêtu, creusé par les eaux de pluie, nécessitant également un passage de gué impressionnant, on nous annonce que c’est trop tard : il faut revenir demain, avec un guide, et cela devrait nous coûter environ 125 dollars US par personne. Un peu trop pour nous donc ce sera pour une prochaine fois ! Il faut souligner la performance de Maya que nous emmenons sur des chemins que beaucoup n’osent pas prendre et qui s’en sort comme une chef (avec l’aide de son conducteur évidemment !). D’ailleurs, elle nous emmenera sur le même type de route vers 2 magnifiques cascades situées dans le Cayo District : Big rock et Rio On pools. Pauses rafraichissantes qui nous détenderont pour gérer les préparatifs du passage de frontière.
Avant de passer notre dernière nuit au Belize à San Ignacio, nous bivouaquerons dans un endroit superbe, situé dans le Spanish Lookout, région à très forte prédominance mennonite : une lagune, entourée par un parc entretenu à la perfection, comportant une reconstitution miniature du premier village Mennonite construit en 1958 lors de leur arrivée au Belize. L’accès y est libre, nous profitons d’un palapa avec la possibilité d’y accrocher notre hamac… Nous ne sommes pas loin du paradis là …
Après avoir accompli les formalités pour Fauve (visite chez le vétérinaire et certificat de bonne santé) et pour Jules (test antigénique pour l’entrée au Guatemala), nous nous posons à San Ignacio. Demain, samedi c’est jour de marché et nous en profiterons avant de passer la frontière en fin de matinée.
La suite, ce sera le Guatemala !
Ce que nous retiendrons du Belize, ce sera sans aucun doute :
- L’omniprésence de la nature, que ce soit la jungle, la barrière de corail, les montagnes, la faune terrestre et sous-marine … Ce pays est un bol d’air et offre des paysages à couper le souffle
- Les rencontres : il y a Bill et Jennifer à Cerros, Ricardo à Lamanai, Charly & Austin à Dangriga, Peers et Lother à Hopkins, Marie, Pacôme, Lilo et Tiama à Placencia, Thomas à Golden Stream, Thomas et Marisa à Punta Gorda, Francisco à San Ignacio. Mais il y a aussi tous ces anonymes, rencontrés sur la route, dans un commerce, sur un spot de bivouac, qui nous accueillent d’un sourire, de paroles bienveillantes et curieuses. Nous avons trouvé ici le partage et l’échange que nous recherchions.
- La multiculturalité : Il est absolument incroyable de croiser autant de communautés si différentes les unes des autres dans un si petit pays ! Qu’est-ce qui peut relier des Mennonites à des Garifunas, des Mayas à des occidentaux expatriés ou à une communauté chinoise si représentée ? En tout cas pas la culture ni le mode de vie. Mais ces communautés vivent dans le respect les unes des autres et c’est vraiment un atout charme majeur dans ce si joli pays.
S’il y a un bémol à apporter, ce serait le coût de la vie. Nous avons fait un gap depuis le Mexique en retrouvant des prix très proches de ceux pratiqués en France. Or le niveau de vie n’est clairement pas le même. Cela a bien sûr un impact pour les touristes car cela nous oblige à faire des choix (125 dollars US pour explorer une grotte assis sur une bouée, ça pique un peu quand même …) : nous avons dépensé en 15 jours le même budget que celui dépensé en 1 mois au Mexique … Mais les conséquences majeures sont bien sûr pour la population locale pour laquelle les salaires n’évoluent pas autant que l’inflation. Cela entraîne une paupérisation de la population que nous n’avons pas observée au Mexique par exemple. La spéculation immobilière, notamment sur Placencia mais pas seulement, est particulièrement dangereuses : le prix d’une maison là-bas équivaut à ceux pratiqués sur notre littoral. Les locaux ne peuvent évidemment pas suivre et les propriétés s’échangent donc exclusivement entre expatriés, américains pour la plupart.
Dans tous les cas, Le Belize a été un coup de cœur pour Caroline et Jules et une belle découverte pour Michel.
Maintenant, direction le Guatemala !